1. Enjeu
Comment se fait-il que, à une époque où le terme « régime » est omniprésent et où tout livre affichant le mot « diète » devient un best-seller, il y ait de plus en plus d’obèses plutôt que d’y en avoir de moins en moins?
Obésité : une épidémie?
Les médias ne cessent de nous rabattre les oreilles avec l’épidémie d’obésité qui sévit partout dans le monde. Selon le magazine The Economist, il y avait 200 millions de personnes obèses sur la planète en 1995; elles seraient aujourd’hui au nombre de 300.millions. Une augmentation de 50 % en 10 ans, vraiment?
Selon J. Eric Oliver, auteur de l’essai Fat Politics: The Real Story Behind America's Obesity Epidemic, un petit nombre de médecins et d’organisations pseudo-scientifiques pour la santé, comme la International Obesity Task Force, ont oeuvré à abaisser le seuil de ce qui est considéré comme un surplus de poids ou un problème d’obésité. Résultat : l’Américain moyen a beau ne peser que de 8 à 10.livres de plus qu’en 1975, ce petit gain de poids se traduit par une augmentation importante du pourcentage de personnes considérées comme obèses ou aux prises avec un surplus de poids.
Argument de poids : $
Ce travail de révision des normes est généreusement subventionné par les sociétés pharmaceutiques et autres joueurs de l’industrie de la diète, qui se régalent d’un marché de 40 milliards de dollars américains par année… aux États-Unis seulement. Les prévisionnistes de l’industrie affirment qu’un médicament performant visant la perte de poids pourrait représenter des ventes annuelles dépassant les 12 milliards de dollars. Un argument convaincant, d’autant plus que Medicare, une assurance santé gouvernementale pour les gens âgés ou handicapés, affirme qu’elle paiera pour les traitements anti-obésité jugés « efficaces ».
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L’effet yoyo
Or, ces produits à succès sont loin d’être la solution. Pire, ils contribueraient plutôt à une prise de poids par l’effet yoyo. Selon Lyne Mongeau, conseillère scientifique à l’Unité des habitudes de vie de l’Institut national de santé publique du Québec, « les études démontrent qu’il n’y a pas plus de 5 % à 10 % des gens qui réussissent à maintenir leur poids à long terme après avoir suivi une diète. En règle générale, la personne qui suit une telle diète ne travaille pas sur ses habitudes de vie. Ainsi, lorsqu’elle met fin au régime, elle se remet à manger avec rage et augmente par le fait même son ingestion calorique. Le métabolisme qui fonctionne encore au ralenti n’est pas en mesure de brûler les graisses, et donc la personne se met à engraisser encore plus. »
Un enjeu de santé publique?
Qu’en est-il de l’impact social et économique de ce gain de poids collectif? La psychose entourant la peur de l’obésité est-elle fondée? Les avis divergent. « Si on se fie aux statistiques, la plupart des accusations disant que l’obésité cause différentes maladies et serait à l’origine de milliers de morts n’est tout simplement pas fondée », affirme J. Eric Oliver. Paul Campos, professeur à l’université du Colorado et auteur du livre The Obesity Myth: Why America's Obsession with Weight is Hazardous to Your Health, abonde dans le même sens : « C’est essentiellement un artéfact d’une culture aux prises avec des troubles alimentaires qui attribue une énorme valeur à la minceur et qui a une peur bleue du gras et de l’embonpoint. »
Peter Katzmarzyk, épidémiologiste de l’activité physique, de la forme physique et de la santé à l’université Queen’s, voit l’IMC comme un indicateur de risques : « Mon IMC est de 27, ce qui me place dans la catégorie de ceux ayant un surplus de poids. Ça ne veut pas dire que je vais mourir, ça veut tout simplement dire d’être prudent. » Katzmarzyk concède
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toutefois que la mesure du gras corporel et du tour de taille reste un avertisseur plus efficace des risques pour la santé.
Enfin, selon Ian Hacking, titulaire de la Chaire de philosophie et d’histoire des concepts scientifiques au Collège de France, à Paris, les registres disponibles montrent qu’il y a bien une augmentation de la mortalité lorsque les gens deviennent vraiment maigres ou vraiment gros.
Sources :
The Thunder Bay Chronicle Journal Features, dimanche 12 septembre 2004
International Herald Tribune Finance/Business, lundi 4 avril 2005, p.13
Times Leader (Wilkes-Barre, PA), Living, mardi 21 février 2006 Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 4
« The obesity industry, Big business », The Economist, 25 septembre 2003 www.economist.com/markets/bigmac/displayStory.cfm?story_id=2092710
2. Historique
Devenir la femme idéale… à travers les âges.
Déjà, en 2500 av. J.-C., les Égyptiennes recourent aux cosmétiques tandis que les Crétoises portent des dessous s’apparentant au corset.
XVIe siècle
Au XVIe siècle, un idéal féminin s’impose tranquillement. Les murs des palais affichent des images de femmes plantureuses, capables d’enfanter une marmaille nombreuse. Les toiles de nombreux peintres tiennent presque lieu de panneaux publicitaires; le Flamand Rubens, entre autres, met souvent en scène des beautés obèses à nos yeux.
XVIIIe et XIXe siècles
Aux XVIIIe et XIXe siècles, la femme idéale revendique des hanches plus larges que les épaules, afin notamment de souligner la finesse de sa taille, surmontée d’un fort buste. Le corset devient un passage obligé. On se moque bien des côtes brisées ou des évanouissements à répétition des dames de la noblesse.
Jayne et Marilyn
On connaît la suite : la kyrielle de sex-symbols des années 50 – Marilyn Monroe et Jayne Mansfield en tête – propulsent la poitrine proéminente au goût du jour. On ressort les bustiers et les guêpières marquant la taille.
Au Québec, l’industrialisation, l’arrivée des premiers magazines féminins et la popularité des actrices américaines contribuent à la mise en place d’une nouvelle norme esthétique. Désormais, il faut être mince et non plus bien enrobée.
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Aujourd’hui
De nos jours, la courbe en S a la cote : la femme sera élancée, mince, et aura une poitrine et des fesses plantureuses, ou ne sera pas. Un idéal difficile à atteindre même avec la meilleure volonté sportive. C’est peut-être ce qui explique la popularité d’émissions telle The Swan, où on met en vedette des participantes qui cumulent régimes draconiens, dizaines de chirurgies esthétiques et entraînement intensif…
« Au cours de l’histoire occidentale, les rares périodes où l’idéal de beauté correspondait assez fidèlement aux proportions naturelles du corps féminin semblent aller de pair avec une participation active des femmes à la vie sexuelle et politique », explique l’ethnologue Suzanne Marchand. « Le respect des lignes naturelles du corps traduit l’aspiration à un monde idéal et égalitaire. » Que doit-on penser des femmes d’aujourd’hui?
L’industrie du régime
Si, au temps de Rubens, l’obésité symbolisait l’opulence des sociétés et des riches oisifs, libres de s’adonner aux plaisirs de la table, au XXe siècle, la minceur est un luxe qui évoque le prestige social. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Petite histoire de la folie des calories.
Moyen-Âge et Renaissance
Au Moyen-Âge, les guerriers consomment beaucoup de viande, censée donner force, courage et vitalité. Partout en contrée catholique, on condamne les excès : la gourmandise est péché, et les agapes, condamnables.
Dès la Renaissance, on vante les mérites des régimes alimentaires et de l’activité physique. On s’intéresse également aux horaires des repas et à la qualité du sommeil. Chacun devient acteur de sa santé. L’hygiène de vie est au goût du jour.
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Gargantuesque XVIIe siècle
L’art de la table connaît son heure de gloire dans l’Europe du XVIIe siècle. Les repas y sont interminables et affichent une variété de plats sans égale. On mange désormais à table, avec des couverts, et le sucre, produit de luxe, se démocratise. On s’astreint ponctuellement à des périodes de diète, des purges ou des saignées afin de conserver la santé : on sait qu’il faut compenser les excès.
Premiers best-sellers
En 1862, un Londonien nommé William Banting publie sa Letter on Corpulence Addressed to the Public, un des premiers best-sellers sur les régimes, vendu à 68 000 exemplaires. Banting affirme que « seule une diète appropriée peut repousser les démons de la corpulence sans recours à l’exercice physique, qui est inaccessible aux gens malades ».
En 1918 paraît Diet and Health With a Key to the Calories, par Lulu Hunt Peters, une médecin de Los Angeles. Elle y explique que suivre une diète exige vigilance, contrôle des calories, exercice, et ce, durant toute la vie. Malgré qu’on soit loin d’une partie de plaisir, les ventes atteignent les 2 millions d’exemplaires; en 1939, on fait paraître une 55e édition.
L’ère des régimes-vedettes
Jean Nidetch et sa célèbre méthode Weight Watchers ont bouleversé l’industrie du régime. En 1947, Nidetch expose à quelques amies qu’elle a réunies dans son appartement de New York que manger de façon compulsive est le résultat d’un problème émotif qui doit être réglé par un soutien émotif. S’ensuivent des rencontres publiques hebdomadaires – la première attire 400 personnes – qui feront plus de 40 millions d’adeptes au fil des années.
Dans les années 1950 et 1960, les médecins n’hésitent pas à prescrire les amphétamines comme pilules d’amaigrissement… jusqu’à ce qu’ils reconnaissent leurs propriétés de dépendance.
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Hollywood : Atkins et cie
Dans son Dr. Atkins’ Diet Revolution, lancé en 1972, le Dr Robert Atkins fait l’apologie du régime faible en glucides (mais on y encourage la consommation de protéines et de gras) qui subjuguera les Américains 30 ans plus tard. Le bon docteur est tellement convaincu des bienfaits de sa méthode qu’à son hospitalisation pour arrêt cardiaque en 2002 il exige qu’on lui serve des oeufs et du bacon. À sa mort, il pèse 258 livres.
Le régime-vedette des années 80 sort tout droit de la mecque des célébrités. Venue à Beverly Hills pour devenir actrice, Judy Mazel peine à se trouver du travail à cause de son surplus de poids. À la suite d’un accident de ski vers le milieu des années 70, elle conçoit un programme dans lequel les repas des dix premiers jours sont uniquement constitués de fruits. Soixante-dix livres en moins plus tard, son mot d’ordre est simple : « Il faut passer le plus de temps possible sur le bol de toilette. »
Une industrie lucrative
À la même période, Michel Montignac s’intéresse à la nutrition pour remédier à son problème de poids chronique. Ses recherches l’amènent à penser qu'une sécrétion trop élevée d'insuline – due à des aliments à fort indice glycémique – est source d'obésité. En 1981, grâce à un régime qui exclut les aliments favorisant la production d'insuline, il perd 16 kilos. Depuis, Michel Montignac et sa méthode sont partout.
Et la dernière trouvaille en vogue : la GI Diet, apparue au début des années 2000. Également basée sur la notion d’indice glycémique, cette diète est popularisée par les livres de Rick Gallop, qui facilitent le repérage des aliments à consommer ou à proscrire à l’aide des couleurs des feux de circulation. À ce jour, les livres de Gallop ont été vendus à près de 1,17 million d’exemplaires.
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3. Entrevues
Diane Côté, Dt.P., présidente du Groupe d’action sur le poids ÉquiLibre
Qui sont les gens qui se présentent chez vous?
Des gens qui sont préoccupés par leur poids, qu’ils aient ou non un réel excès pondéral. Une majorité de femmes et de plus en plus d’hommes suivent des régimes. ÉquiLibre forme des professionnels intervenant sur la problématique du poids et détient un programme, Choisir de maigrir?, qui représente une alternative saine aux diètes amaigrissantes. La grande majorité des gens qui viennent suivre ce programme ont déjà suivi de nombreux régimes. En fait, il est rare que quelqu’un arrive à nous sans avoir suivi aucune diète. Un très grand nombre de personnes qui veulent maigrir ont recours à des produits et moyens amaigrissants à répétition.
Quel est le taux de succès des gens qui entreprennent un régime?
Très peu de gens arrivent à maigrir et à maintenir leur nouveau poids à moyen ou long terme. Et on croit que les diètes font partie du problème. Des études montrent que les personnes ayant commencé à suivre des diètes pendant leur jeunesse ont plus de risques d’augmenter leur poids par la suite. Il est fréquent de voir des femmes dans la cinquantaine qui pèsent autour de 200 livres et qui en pesaient seulement 130 lorsqu’elles ont commencé à suivre des diètes dans la vingtaine.
Quelle proportion des gens pour qui ça ne fonctionne pas portent plainte?
Les plaintes formulées à l’endroit des compagnies qui proposent des produits, moyens et services amaigrissants seraient très peu nombreuses, car ceux qui suivent des régimes qui ne fonctionnent pas s’attribuent le blâme. Ils sont convaincus qu’ils sont entièrement responsables de leur échec et se sentent coupables. Dans d’autres cas, ils sont gênés d’avoir suivi une diète farfelue, de s’être fait avoir, alors ils préfèrent ne pas en parler. Il faut mentionner ici que le surplus de poids touche beaucoup l’estime de soi, ce qui rend le sujet très délicat.
D’où provient notre obsession des diètes?
La minceur est promue comme un gage de beauté et de santé dans notre société. L’accent est mis sur l’amaigrissement à tout prix au détriment de la santé et d’un mode de vie sain et équilibré pour tous. De plus, il y a peu de services disponibles pour aider les gens qui veulent maigrir dans le réseau de la santé. Les gens se tournent donc vers les moyens les plus accessibles. Et on commence à peine à investir vraiment dans la prévention. La meilleure façon de gérer le poids dans la population passe par la prévention et non par les méthodes d’amaigrissement.
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Que revendiquez-vous?
Les diètes ne fonctionnent généralement pas et elles peuvent même s’avérer
dangereuses pour la santé. Il y a urgence de dénoncer publiquement cette situation et de réclamer une réglementation plus sévère de l’industrie de l’amaigrissement. Le Groupe d’action sur le poids ÉquiLibre, de concert avec le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes, a mené une campagne de lettres d’appui pour une meilleure réglementation en ce qui a trait aux produits, services et moyens amaigrissants disponibles sur le marché. Le ministère de la Santé du Québec a fait connaître son intention de travailler en ce sens au cours des prochaines années. Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 10
(Fin de l’entrevue)
Lyse Lefebvre, pharmacienne à la Direction de la toxicologie humaine de l’Institut national de santé publique du Québec
Qu’en est-il de la réglementation entourant la mise en marché des produits diététiques?
Il y a beaucoup de produits amincissants sur le marché dont l’efficacité n’est pas prouvée. Avec la Loi sur les produits de santé naturels, la médication naturelle devrait obéir aux mêmes considérations que la médication chimique. Car non seulement l’utilisation de certaines composantes peut représenter un danger, mais le risque est encore plus évident lorsqu’il y a une interaction entre certains produits. La Food and Drug Administration a mis sous surveillance huit plantes qui seraient susceptibles de causer des problèmes de santé; Santé Canada devrait faire la même chose. Malheureusement, la Loi sur les produits de santé naturels n’a pas beaucoup de dents, et le lobbying est important dans ce domaine. Ainsi, beaucoup de produits ne sont pas déclarés et peuvent être dangereux.
Avec Internet, n’importe qui peut obtenir n’importe quoi. Il y a un réel danger. Les douanes ne peuvent pas tout contrôler. Cela cause un problème sur le plan de la santé publique.
Que pensez-vous des timbres amincissants?
Le comble de l’idiotie. J’ai entendu dire qu’une femme qui avait essayé ces timbres avait engraissé au bout de deux semaines! Les timbres contiennent du Fucus Vesiculosus, une sorte d’algue contenant de l’alginate, dont la caractéristique est de gonfler l’estomac si elle est ingérée par la bouche; par la peau, ça ne fonctionne pas. Le Fucus Vesiculosus contient aussi de l’iode, qui peut perturber la glande thyroïde.
Pour qu’un timbre de ce type soit efficace, il faudrait que le goémon jaune passe à travers l’épiderme et le derme pour jouer son rôle efficacement. Je doute qu’un tel produit puisse y parvenir, car le timbre pour maigrir ne contient à peu près rien. Or, pour que le produit pénètre la peau, ça prend une quantité beaucoup plus grande.
Le produit n’est donc pas dangereux puisqu’il n’a pas d’effets amincissants.
Et du Meta Slim?
En fait d’ingrédients, le Meta Slim contient de l’orange amère, du thé vert (Camellia Sinensis), de la synéphrine, de l‘extrait de fèves blanches, du poivre de Cayenne et du gingembre.
L’orange amère est un équivalent de l’éphédrine, une substance qui fait l’objet d’une mise en garde par Santé Canada. L’orange amère a pour effet d’élever la pression artérielle et d’accélérer les battements du coeur. Tout comme l’éphédrine, elle n’est recommandée à personne. L’orange amère, lorsqu’elle est associée à la caféine – ici contenue dans le thé vert – peut être dangereuse. Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 11
Chaque comprimé contient 150 mg d’orange amère et 6 % de synéphrine, ce qui représente le double de la dose permise. Alors imaginez que vous preniez deux comprimés le matin avec un café… La Food and Drug Administration permet l’absorption de 8 mg d’éphédrine aux six heures;
Meta Slim en contient 18 mg dans un seul comprimé, et, en plus, elle est combinée avec le thé vert. Résultat : c’est une véritable bombe à retardement!
En ce qui a trait au Camellia Sinensis proprement dit, on rapporte dans la littérature scientifique plusieurs cas de problèmes de foie entre 2002 et 2005. C’est dommageable pour la santé.
Quant à l’extrait de fèves blanches, on dit ici qu’il brûle les sucres. Ça n’a tout simplement pas de bon sens. Le poivre de Cayenne, lui, peut causer des problèmes de glande thyroïde, et le gingembre est un diurétique.
Non seulement le Meta Slim peut être dangereux pour les personnes qui souffrent de troubles cardiovasculaires, mais il n’est pas efficace pour maigrir. En fait, il est très rare que ce genre de produit contienne des substances efficaces. La littérature ne fait état d’aucune preuve scientifique. Les données utilisées dans les publicités proviennent d’études non contrôlées et de rapports anecdotiques qui n’ont rien de scientifique. Bref, pour les scientifiques, un produit comme le Meta Slim ne devrait pas être autorisé sur le marché, car il contient des substances dangereuses.
Ça me fait penser à un autre produit, le Thermonex, qui présentait à peu près la même composition que le Meta Slim. Il a été interdit par Santé Canada en 2004.
Que dire du PapayaPlus?
Le PapayaPlus est basé sur des enzymes digestives. En théorie, on lui accorde une certaine valeur, mais, en pratique, il ne donne pas beaucoup de résultats sur le système digestif. Lorsque le produit est pris par voie orale, les enzymes sont détruites par le système digestif et ne peuvent donc pas être efficaces.
Dans un article de Consumer Reports, Larry Berube, président d’Anafit, faisait état de la façon dont la compagnie procédait pour créer un produit : on sélectionne des ingrédients, puis on les soumet à la FDA pour approbation. Une fois l’autorisation reçue, on combine les substances en laboratoire et on procède à des tests et des essais. Si on voit que ça fonctionne, on fabrique des capsules et on les met en vente sur Internet et dans les magasins1. Que pensez-vous de cette façon de procéder?
C’est aberrant, car il n’y a pas d’essais contrôlés ou de méthode scientifique rattachés à cela. Il ne devrait pas y avoir de passe-droit, qu’il s’agisse de produits chimiques ou de produits naturels. Il faut croire que les lobbys se font bien entendre…
Selon la Loi sur les produits de santé naturels de 2003 – une loi qu’on a attendue longtemps –, Santé Canada doit évaluer 40 000 produits d’ici 2009 et décider si oui ou non ils seront homologués. Cela représente l’évaluation de six produits par jour. Or, considérant la documentation scientifique qui doit suivre, c’est une tâche quasi impossible.
(Fin de l’entrevue)
1 « Dangerous supplements: Still at large », Consumer Reports, mai 2004. Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 12
http://72.14.203.104/search?q=cache:ofUyGZ-JxwQJ:www.consumerreports.org/co/supplements/+Président+Anafit+Orlando&hl=fr&gl=ca&ct=clnk&cd=1
Lyne Mongeau, conseillère scientifique à l’Unité des habitudes de vie de l’Institut national de santé publique du Québec
Vous avez participé au guide Maigrir, pour le meilleur et non le pire. Pouvez-vous nous en glisser un mot?
Il est destiné à soutenir les professionnels de la santé qui doivent conseiller leur clientèle en cette période où il est tentant d'avoir recours à des moyens amaigrissants de tout acabit. Ce guide fournit une analyse critique de la plupart des produits amaigrissants qui circulent sur le marché québécois et présente des solutions alternatives pour guider les clients vers une gestion plus saine de leur poids.
Quelles en sont les conclusions?
Dans le guide, les différentes méthodes amaigrissantes disponibles sur le marché sont décrites et analysées, fournissant une source d'information crédible pour les diététistes, nutritionnistes, médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésiologues, psychologues et travailleurs sociaux. La majorité des produits, services et moyens amaigrissants ne répondent pas aux critères de saine pratique de gestion du poids.
Plusieurs de ces produits, facilement accessibles et fortement publicisés, promettent une perte de poids rapide en toute sécurité, ce qui est irréaliste. Souvent vendus à prix d'or, ils risquent pour la plupart d'entraîner une reprise du poids perdu, certains sont clairement inefficaces, et plusieurs contiennent des ingrédients potentiellement dangereux, sans qu'aucune mise en garde n'apparaisse sur l'emballage.
Il existe une variété de régimes amaigrissants. Le danger potentiel dépend du type d’approche. Il y a des choses pires que d’autres, comme l’affirmation qu’on peut maigrir en dormant! Tout ça demeure des approches commerciales. Il faut se poser des questions : qui fait le coaching? Quelles sont les qualifications de ces gens? Quels sont les résultats à long terme? Sur le plan scientifique, il n’est pas démontré que des approches comme Minçavi donnent des résultats satisfaisants à long terme.
En quoi l’industrie contribue-t-elle à l’obésité?
L’industrie contribue au gain de poids par l’effet yoyo. Il a été clairement démontré que les diètes faibles en calories ne favorisent pas le maintien du poids après la fin du régime. Au contraire! Le poids est difficile, voire impossible à maintenir. Les études démontrent qu’il n’y a pas plus de 5 % à 10 % des gens qui réussissent à maintenir leur poids à long terme après avoir suivi une diète. En plus, la personne qui suit une telle diète ne travaille pas à modifier ses habitudes de vie de façon durable. Ce qui fait que, lorsqu’elle met fin au régime, elle se remet à manger avec rage et augmente ainsi son apport calorique. Le métabolisme, qui fonctionne encore au ralenti, n’est pas en mesure d’utiliser toutes les calories consommées, le corps fait donc des réserves. La personne se met à engraisser encore plus.
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Croyez-vous qu’il est possible de perdre cinq livres par semaine comme certains programmes le prétendent?
C’est complètement irréaliste et dommageable pour la santé. Il faut au contraire que la perte de poids soit très modérée. Perdre une livre par semaine, soit l’équivalent de 3 500 calories, c’est déjà une perte de poids importante : répartie sur 7 jours, ça signifie qu’on doit diminuer ce qu’on mange de 500 calories par jour ou les dépenser en activité physique. Or, si on marche une demi-heure par jour, on perd 100 calories. Une personne doit donc faire de l’exercice et couper sur la bouffe si elle veut perdre 500 calories par jour. Mais l’ingestion de 1 000 calories par jour permet à peine d’aller chercher tous les éléments nutritifs dont on a besoin! Perdre un quart à une demi-livre par semaine est beaucoup plus réaliste et a l’avantage de représenter une perte de poids durable.
Avant d’entreprendre un régime, il faut comprendre le problème, et les causes de ce problème sont multiples et individuelles. On propose aux gens de faire une analyse, de se faire un journal de bord qui leur permet d’identifier les raisons pour lesquelles ils se mettent tout à coup à manger, à s’empiffrer. Est-ce que j’ai tendance à manger quand j’ai de la peine? quand je suis stressé? etc. Ou au contraire on peut manger assez bien et pas trop, mais être vraiment trop sédentaire.
On doit aussi avoir une approche collective. Nous vivons dans un contexte social particulier où non seulement les adultes, mais aussi les enfants sont plus gros qu’avant. Dans ce cas, ce sont les parents et les adultes de la société qu’il faut montrer du doigt.
Est-ce qu’il n’y a pas exagération lorsqu’on parle d’épidémie d’obésité?
Le poids de la population a doublé en 25 ans. En 1987, il y avait 8 % de personnes obèses au Québec. En 2003, c’était 14 %. L’accroissement est donc réel.
Un des problèmes, c’est qu’on a laissé tomber la cuisine. On mange des plats tout préparés et très salés; on a développé nos villes et villages pour se déplacer en auto… En Finlande, s’ils habitent à moins de 5 km, les enfants se rendent à l’école par leurs propres moyens : vélo, ski de fond, etc.
Ce qui change, c’est le monde dans lequel on vit, qui nous amène ailleurs. Le corps humain est fait pour vivre dans la famine. Il est mieux équipé pour combattre le manque de nourriture que le surplus. On n’est pas fait pour gérer l’abondance. L’obésité est la conséquence de nos États modernes.
Pensez-vous que le gouvernement devrait légiférer en matière de produits amaigrissants? Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 14
Clairement, il faut mieux protéger le public. En janvier 2006, le Groupe de travail provincial sur la problématique du poids (GTPPP), composé de médecins, de nutritionnistes, etc., a déposé un document qui fait état des problèmes reliés au poids au Québec, et nous avons lancé un appel à l’action. Parmi les cinq actions prioritaires, il y avait la nécessité de légiférer en matière de produits amaigrissants. Nous croyons que l’approche qui nourrit l’obsession de la minceur encourage la population à recourir à des solutions miracles et la pousse à rechercher la perte de poids à tout prix, sans se soucier vraiment de sa santé. Ceci ne constitue pas une réponse responsable au problème. La santé publique ne peut s’orienter dans cette direction.
Le GTPPP propose d’examiner le problème autrement. D’abord, il est nécessaire de faire un examen plus large et approfondi des enjeux reliés au poids : ceux-ci sont plus complexes qu’il n’y paraît. De plus, il serait judicieux d’adopter une perspective plus réaliste en regard des solutions. Bien que le poids soit un déterminant important de la santé, il ne représente qu’un aspect de l’être humain. Tenir compte de la dynamique complexe des personnes et des liens étroits entre nourriture, activité physique et image de soi permettrait une vision certes plus positive, mais aussi plus prometteuse. Ceci nécessite avant tout que l’on considère comme indissociables les deux aspects de la problématique : l’obésité et la préoccupation excessive à l’égard du poids. Le document est rendu sur le bureau du ministre Couillard. Nous attendons son opinion sur la question.
Des solutions?
Réglementer l’industrie des produits, services et moyens amaigrissants (axe des politiques publiques). Manger varié en écoutant nos signaux de faim. Mais comment résister lorsque la publicité crée des fringales et nous conditionne à manger beaucoup plus, et plus mal…? Fric Show « Les régimes amaigrisssants », émission 2, le jeudi 19 avril 2007, © VIRULENT 15
(Fin de l’entrevue)
Raymond Malo, Bureau de la concurrence du Canada
Si je vous soumettais les publicités de PapayaPlus et de AHA Minceur, pourraient-elles être considérées comme frauduleuses?
Chose certaine, elles soulèveraient des questions en vertu de la Loi sur la concurrence. Cette dernière comporte des dispositions contre la publicité trompeuse. On ne peut faire des déclarations de rendement et d’efficacité à moins qu’elles ne s’appuient sur des épreuves suffisantes et appropriées.
Presque toutes les publicités pour produits amaigrissants affichent une mention du genre : « Perdez 25 livres en 30 jours. » Est-ce que vous soumettez les entreprises à une enquête chaque fois que vous voyez une telle publicité?
Ce qu’on fait dans de tels cas, c’est qu’on regarde quel genre de déclarations sont faites. Si ces déclarations nous apparaissent assez extraordinaires, on peut remettre ça à des experts dans le domaine de l’obésité qui, eux, sauront nous dire si ces affirmations s’appuient sur des preuves suffisantes et appropriées. La première chose qu’on demanderait à l’entreprise, c’est de nous présenter les tests effectués pour supporter ses allégations, car, dans la loi, la démonstration de preuve d‘efficacité incombe à l’entreprise. Cette dernière doit avoir procédé à des épreuves et à des tests suffisants et appropriés. Ce qu’on entend par là, c’est qu’elle doit être en mesure de démontrer que le résultat est attribuable au produit, que celui-ci a été testé dans un environnement contrôlé, avec une rigueur scientifique.
De ce genre de publicités-là, il n’y en a pas beaucoup qui passent le test. Perdre 25 livres en 30 jours, c’est beaucoup! Les experts recommandent une perte de poids d’au plus 2 à 3 livres par semaine. Un traitement pareil risque d’avoir l’effet contraire, car il pourrait être agressant : dans le cas où ça fonctionne, ça agresse le corps plus qu’autre chose. Et ce qui arrive dans le cas d’une trop grande perte de poids en un court laps de temps, c’est qu’on le reprend.
Y a-t-il des points dans cette publicité où il vous semble évident qu’on se trouve devant un produit douteux?
On nous promet une perte de 3 livres après 24 h et de 20 livres après 3 semaines. De prime abord, ce genre d’affirmation suscite des questions, car c’est beaucoup trop important comme perte de poids. De plus, on indique qu’il est prouvé qu’une capsule contient suffisamment d’enzymes pour faire perdre 1 000 calories. Mais ce « il est prouvé que… » s’appuie sur quoi? On ne le sait pas. Et on ajoute que prendre ces capsules équivaut à faire 13 km de jogging ou 4 h de tennis. Ça signifie que vous consommez ces capsules et que vous laissez tomber le tennis et le jogging? Ce n’est pas le genre de conseil que je donnerais. Je dirais plutôt à la personne qui souhaite perdre du poids de poursuivre ses activités pour le plaisir et la bonne forme que ça procure. Les déclarations de ce genre sont à la limite du burlesque.
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Recevez-vous beaucoup de plaintes?
Étonnamment, non. Les gens n’ont pas tendance à porter plainte, ce qui peut être attribuable à un sentiment de culpabilité. Ils commandent le produit, se font avoir et se disent que ce doit être eux qui n’ont pas suivi les instructions comme il faut.
Quand vous recevez une plainte, à partir de quoi jugez-vous que ça mérite une enquête?
On regarde la nature des allégations et, si on pense que ça soulève des questions en vertu de la loi, on peut demander à l’entreprise de nous soumettre les résultats des tests qui soutiennent ces assertions-là. Ceci dit, l’entreprise n’est pas obligée de nous les remettre. Mais si elle ne le fait pas, ça peut nous indiquer qu’elle n’a pas de tests. Dans ce cas, on va aller plus loin et on peut avoir recours à des moyens légaux.
Et pendant ce temps-là, l’entreprise continue à faire de la publicité et à vendre des produits…
Exact. Il n’y a rien qui l’en empêche. C’est pour ça qu’il est important d’inciter les gens à exercer leur sens critique lorsqu’ils voient de telles publicités. Ils doivent se montrer très vigilants. Ce n’est pas parce qu’on nous fait des promesses incroyables que ça va s’avérer… La photo d’un médecin sur une pub ne rend pas le produit efficace! Et si on vous garantit que vous allez être remboursé si vous n’êtes pas satisfait, ça ne signifie pas non plus que le produit est efficace. Peu de consommateurs exercent ce recours. C’est une astuce de marketing pour rassurer les gens.
Comment se fait-il que ces produits se retrouvent quand même en vente libre?
C’est une industrie importante. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 50 % des Canadiens ont un problème de surpoids ou d’embonpoint. C’est beaucoup! C’est tentant, pour cette industrie, de s’attaquer à ce marché. L’idée, c’est : « Est-ce qu’on peut garantir une façon de maigrir sans effort? » La recette miracle, c’est toujours tentant, mais il n’y a pas 56 façons de perdre du poids : il faut surveiller son alimentation et faire de l’exercice.
Comment se fait-il qu’à la base ça ne soit pas plus régi que ça? Qu’il faille attendre les plaintes avant de procéder?
Il reste que, dans la loi, il y a une disposition qui dit que le fardeau de la preuve incombe à l’entreprise. La publicité n’est pas interdite. Ce qui est interdit, c’est la publicité trompeuse.
L’arrivée d’Internet vous complique-t-elle les choses?
Oui. Par contre, on a mis en place un « tamisage » d’Internet : on fait un survol avec des mots clés pour essayer d’identifier les entreprises qui offrent ce type de produits-là. On l’a fait aussi en collaboration avec la Federal Trade Commission aux États-Unis, car il peut arriver qu’une compagnie soit basée aux États-Unis et fasse de la publicité au Canada, ou vice-versa. Alors, il y a une collaboration pour faire cesser ce genre de pratique. On ne prétend pas l’avoir complètement éliminé, mais on met une certaine pression. Il y en a qui se sont conformés et qui ont modifié leurs publicités.
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Les Américains sont-ils plus sévères que nous à ce sujet?
Ils ont des dispositions à peu près semblables en cette matière.
Le Canada est-il à la remorque des tendances américaines?
Pour ce qui est de la publicité, je dirais que ce qu’on recherche est assez semblable. On ne permet pas d’allégations farfelues sur des tests qui ne sont pas prouvés.
Si quelqu’un voulait suivre ce type de diète…?
J’aurais tendance à lui suggérer d’en parler à celui ou celle qui lui prodigue des soins de santé, par exemple une infirmière, un médecin, une nutritionniste. Qu’il lui apporte la publicité et lui demande s’il croit que ça peut fonctionner. Le professionnel sera en mesure de lui donner un conseil là-dessus. Mais il reste que, quand on voit des choses aussi flagrantes que celles-là, il faut se méfier. Soyez vigilants! Il n’y a pas de recette miracle pour perdre du poids. Il faut modifier son alimentation et faire de l’exercice. C’est la manière de brûler les calories de façon saine.
(Fin de l’entrevue)
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Nathalie Lalonde, agente de relations médias – produits naturels, Santé Canada
Des produits amaigrissants de toutes sortes se retrouvent sur les tablettes à l’insu de Santé Canada. N’y a-t-il pas un danger?
Oui, certains produits peuvent comporter un risque pour la santé. Par exemple, des produits ayant des allégations de perte de poids sont dangereux. Ces produits contiennent souvent de l’éphédra ou de l’éphédrine, des ingrédients autorisés pour la décongestion nasale. Or, si on les jumelle avec un stimulant comme le café, il y a un risque. Donc, il est très important de bien informer le public des dangers des fameuses pilules miracles. Lorsque le consommateur trouve sur les tablettes des produits pour s’autotraiter dont il n’est pas certain, on lui demande d’appeler à Santé Canada pour nous en informer. Dans le domaine des produits amaigrissants, il y a toute une gamme de produits; le consommateur devrait s’en tenir à ceux qui ont reçu une homologation de Santé Canada, c’est-à-dire sur lesquels on trouve un numéro de licence (l’inscription NPN ou DIN-HM sur l’étiquette). À ce propos, je vous invite à vous rendre sur notre site et à consulter la base de données.
Tout produit qui tombe dans la catégorie des produits de santé naturels, dépendamment de ses ingrédients et des allégations voulant qu’il contribue au maintien ou à l’amélioration de la santé, est réglementé depuis janvier 2004.
Comment se fait-il que l’on trouve encore des produits qui n’ont reçu aucune homologation de Santé Canada?
Les produits qui n’ont pas reçu d’homologation sont vendus illégalement. Pour certains d’entre eux, nous avons reçu une demande, et ils sont en observation. Pour les autres, nous sommes en position d’adopter une certaine approche de conformité ou de prendre les mesures nécessaires s’ils présentent un risque.
Comment faites-vous pour les identifier s’ils sont vendus illégalement?
Nous prenons les mesures nécessaires pour autant que l’on reçoive des plaintes sur le produit ou qu’un risque soit identifié. Santé Canada a aussi mis en place un programme de surveillance de la conformité des produits relativement aux autorisations de mise en marché. On trouve plus de renseignements sur ces activités à l’adresse suivante : www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/compli-conform/activit/index_f.html.
Autrement dit, vos mesures sont basées sur… les risques?
Oui, on peut appeler ça des mesures de risque. Mais vous savez, tant que les gens vont continuer d’acheter ce genre de produits, il y aura des compagnies pour en vendre.
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La responsabilité incombe-t-elle donc entièrement au consommateur?
Non, car, lorsqu’on reçoit une plainte, on fait un suivi immédiatement. On travaille de concert avec le fabricant pour rendre le produit conforme ou pour tenter de le rendre conforme, en tenant compte bien sûr du taux de risque ou du danger que représente le produit pour la santé du consommateur. Si on considère qu’il y a un danger, le produit est retiré des tablettes jusqu’à ce qu’il soit homologué. L’étiquette d’un produit homologué présente la liste des ingrédients, la posologie, les contre-indications, etc.
À Santé Canada, nous considérons que le consommateur qui choisit un produit sur les tablettes a la responsabilité de s’informer. Il doit rechercher l’homologation et le numéro de licence sur le produit, et est encouragé à lire attentivement l’étiquette et à suivre les recommandations qui y sont inscrites afin de faire un choix éclairé.
S’il n’y a pas de licence et que les différentes informations sur le produit ne sont pas connues, celui-ci peut être dangereux. Je ne dis pas qu’il est dangereux : je dis qu’il peut être dangereux.
Comment les compagnies qui n’ont pas de produits homologués font-elles pour mettre leurs produits sur les tablettes?
Il y a un marché noir de produits pour lesquels nous ne recevons aucune demande. De plus, la réglementation sur les produits de santé naturels est toute jeune : elle n’existe que depuis janvier 2004. Avant de réglementer cette industrie, nous sommes allés en consultation pour voir comment nous allions faire : retirer tous les produits jusqu’à ce qu’ils soient homologués ou le faire au fur et à mesure. L’industrie a dit non… et les consommateurs aussi. Bref, tout le monde est d’accord pour adopter l’approche de conformité. Donc, nous examinons d’abord les produits à haut risque, jusqu’aux produits à moindre risque, sur une échelle de 1 à 6. Et nous fonctionnons à partir de la date d’échéance du produit. À partir de cette date, le produit est sujet à une approche de conformité. Si c’est le cas, il est retiré du marché et passe à travers le processus d’homologation.
Avez-vous examiné les produits comme Lierac et Phytomer, qui sont présentés comme des pilules minceur? Ou encore l’Isoméride, qui se trouve dans la catégorie des amphétamines, lesquelles sont perçues comme des pilules amaigrissantes miracles?
Je ne peux pas vous répondre pour chacun des produits. Si vous nous envoyez une liste précise de produits, nous allons les examiner…
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